Je n’ai jamais caché mon envie de retourner à Kona à grands renforts de #kona2022 et tutti quanti. Un peu dans le but de fêter les 10 ans de notre premier voyage dans le Pacifique, aussi un peu parce que j’aime les années paires et de par le magnétisme de cette ile, qui nous rend, nous, hommes de fer, faibles devant les courroux de la WTC.
Inscrit peu après la course de Vichy de laquelle j’attendais un peu plus que cette modeste 100ième place, la préparation marque un premier coup d’arrêt en fin d’année pour soigner une tendinite au tendon rotulien. L’affaire se passe et l’Agglocityrun confirme un retour à un état compétitif. 2 mois plus tard, la sentence tombe et elle est irrévocable : tendinite aux 2 tendons d’Achille. Le médecin m’indique avec sagesse de penser à une autre saison pour faire le mariolle. Le kiné, un ultra trailer de renom, pense que ça peut se tenter. A base de protocole de Stanish et de soins divers et variés, me voilà donc absent de mes baskets pendant 6 semaines. La réglementation Ironman prévoit que 45 jours avant la course on peut reporter son inscription sur une autre date. A la date butoir j’ai réussi à courir 12km en 1h : le déplacement terre bernoise aura bien lieu. Avec un niveau de confiance assez moyen je vous le concède.
Ca borne en juin autant que faire se peut pour arriver au bord de ce lac alimenté par l’Aar début juillet fin prêt et à peine plus confiant que la fois précédente. Nous sommes une quinzaine d’Alligators inscrit, et environ 8'000 supporters du club sans trop exagérer tellement ils ont été autant brillants que bruyants. Pauline est là avec PPC qui sera de la partie, Anouk a fait le déplacement dans notre automobile de prestige, et Lison a parcouru la Suisse en train pour être de la partie dimanche matin.
Les ambitions sont claires : natation entre 1h05 et 1h10, vélo entre 5h20 et 5h40 et courir le marathon entre 3h15 et 3h30. Soit un total estimé entre 9h50 et 10h30. Bien que attrayant, le #Kona2022 ne sera pas pour moi cette année du fait de la nouvelle organisation et des prix prohibitifs de ce voyage au bout du monde.
L’hymne suisse, tout en suissitude, ne fait pas franchement monter la température : l’eau du lac est annoncée à 18°C, ce qui n’est pas forcément pour me déplaire. Le rolling start, tout en suissitude également nous permet de nous hâter lentement à prendre le départ. Une seule boucle qui se terminera dans le charmant port de Thoune en 1h02 pour ma part : tout baigne (enfin plus à cette étape puisque nous sortons de l’eau). Je me dévêts de ma néoprène laissant apparaitre mon habit de lumière aux chatoyantes couleurs vertes et noires. Casque, lunettes, sandwich dans la poche et petit pipi sur le banc avant d’enfourcher le Ceepo des années folles.
Nous avions reconnu avec Pauline et PPC ce parcours vallonné que nous allons faire 2 fois. Pas de soucis majeurs. Je l’appréhende avec modestie. Je sens dès le début que ce ne sont pas des jambes de folies qui m’accompagneront aujourd’hui mais elles feront le job quand même. Le premier tour est bouclé en 2h37 ce qui est plutôt pas mal. Pendant le 2nd tour j’ai été un peu ambitieux sur mon alimentation personnelle, ce qui aura pour effet de manquer de boisson de l’effort à un moment donné. C’est un peu compliqué avant le point culminant : une sorte de lassitude et d’agacement de manquer de carburant. C’est un peu long. Pose du vélo 5h27.
Il va falloir donc aller courir un marathon maintenant, c’est bien ça ? J’échange les Garneau contre des Brooks et le casque contre un petit casque : une casquette. Pour le reste et ben yapluka. Le début est naturellement compliqué. J’adopte un tempo de base aux alentours de 4’30 / 4’40 sensé m’amener à la performance chronométrique recherchée. C’est pas l’euphorie mais ça passe pour le premier tour de 14km. Il ne fait pas trop chaud. Le 2nd tour se fera plus aux alentours des 5’ du fait des arrêts plus importants aux ravitaillements. La fin du tour se fait attendre et ça commence à bien faire. Au 30ième je dis à Pauline mon état de fraicheur plus que moyen, ce à quoi elle me répond que « si jamais tu es 4ième ». De la catégorie, je vous rassure. Certes ça booste un chouille, mais pas suffisamment pour garder cette allure. 32ième ravitaillement : fin du bal. Plus de jus et plus d’envie : extrême fatigue. Je continue en marchant, retente de courir. Niet. Nada. Que d’alle. Tant pis : ça se finira en marchant s’il le faut mais ça se finira. 10km : 10’ au km. 100’. 1h40. Bordel que c’est long.
Dans mon errance, en passant dans la vieille ville, un spectateur assis à une terrasse, a pitié de mon état. Il se lève un verre de bière à la main et me le donne. Je ne me fais pas prier pour faire honneur à cet inconnu et à son breuvage bien connu. Une franche accolade bien transpirante et je repars, en marchant, sous les hourras du reste de la terrasse en délire. Un bon moment. La suite n’est que marche jusqu’à l’arrivée dans ce temps anecdotique de 11h08. Bien loin de mes espérances. Bien loin aussi de la course que j’imaginais faire. L’après course est toujours très festive : on refait la course, on se congratule, on se plaint, on déambule avec une démarche pittoresque. Bref on des Ironman comme ils disent.
Le lendemain, c’est jour de fête : remise des récompenses et slot allocation. Pas de podium individuel, mais nous prenons la 2ième place des clubs. Pour la suite 75 slots disponible + 14 pour le WFT : le women for tri. Il faut bien remplir les 2 courses de Kona cette année : les femmes et les vieux le jeudi, les autres le samedi. 2x2’500 gugusses sur Big Island avec tous les accompagnants. Cela risque d’être un peu la cohue.
Beaucoup de roll down dans cette cérémonie. Même moi et ma 25ème place, je suis appelé pour me rendre à l’Oktoberfest du triathlon. Malgré les sollicitations multiples et variées de la tablée, je passe mon chemin pour le plus grand bonheur du 26ième. Cela donne la possibilité à pleins de personnes présentes à cette cérémonie d’aller à Kona : c’est incroyable et c’est vraiment très bien pour tous.
Moralité de ce déplacement, je pense ne plus refaire d’Ironman : la sollicitation est trop importante, les blessures récurrentes et lancinantes à vivre. J’ai donc décidé, de tenter une inscription à Roth : ben quoi ? Cette course ne fait plus partie du circuit Ironman ou bien ? Inscription validée pour une année impaire. Et alors ?!?!