A la lecture des résultats de cet Ironman France qui a eu lieu le 29 juin dernier, ce qui m'a frappé c'est le niveau qu'il a fallu atteindre pour se qualifier pour Kona en catégorie M30 : le premier non qualifié, Antoine Perche, du Team Argon18 France termine en 9h11' à 4' de Fred Schaffner du Fast Guebwiller qui sera présent sur la ligne de départ le 11 octobre prochain. La catégorie M40 était elle beaucoup plus ouverte puisque, notamment dû à la densité, Simone Forlani en 9h47' sera aussi du voyage. La catégorie M30 était probablement la plus difficile et la M40 la plus nombreuse. J'ai voulu en savoir un peu plus : sans prétentions aucunes j'ai pris quelques minutes, voire un peu plus, pour tenter d'analyser cette situation. Si vous, aussi vous avez un peu de temps, asseyez-vous tranquillement, on va parler chiffres.
Tout d'abord un petit rappel sur la méthode d'attribution de ces fameux slots pour Hawaii. La répartition par catégorie se fait en fonction du nombre de partants dans la catégorie en respectant au moins un qualifié par catégories représentées. Dans les faits avec 2759 partants, la catégorie M30 et ses 320 arrivants et 15 abandons avait droit à 5.8 qualifiés, celle des M40 et ses 529 arrivants et 30 abandons avait droit à 9.5 qualifiés. Le droit au slot pour toutes les catégories a donné lieu à la répartition suivante : 5 pour les M30, 8 pour les M40. Dernière petite subtilité : la catégorie M75 était présente au départ avec un seul concurrent et donnait droit à une place. Pierre Beccamel n'ayant pas terminé le parcours, son slot a été réattribué sur la catégorie du même sexe la plus représentée, les M40 : +1 slot pour les M40 soit 9 places. Voilà pour les conditions de base.
Pour tenter cette comparaison, j'ai travaillé sur l'échelonnement des arrivées en faisant des tranches de 10'. Je n'ai pas voulu faire une première analyse basée sur le temps moyen de chaque catégorie pour plusieurs raisons : l'écart d'âge est tout de même important et n'aurait rien amené de pertinent à cette étude, calculer le temps moyen de chaque catégorie aurait été un peu fastidieux, et je n'aime pas raisonner sur la moyenne. En effet, imaginez que vous mettiez les pieds dans le congélateur et la tête dans le four, la température moyenne est confortable mais avouez que la situation, elle l'est beaucoup moins.
Le premier graphique (en dessous sur l'image) est basé sur la quantité. On distingue nettement les barres bleues globalement plus petites que les barres rouges : elles représentent en effet les M30 alors que les rouges sont les M40. Cela est vrai après 10h50, par contre pour les temps inférieurs, la hauteur des barres des M30 est en phase avec la hauteur des barres des M40. La densité des M40 est donc la plus importante dans des temps supérieurs.
Le second graphique est la même répartition mais ramenée en pourcentage de participation. On révèle ici l'extrême densité de coureurs M30 inférieurs à 10h et la similitude de répartition pour les 2 catégories au-delà de 11h.
Tentatives d'explications.
Mis à part les capacités physiologiques liées à l'âge qui donnent des coureurs plus rapides en M30, le nombre de partants est un facteur déterminant dans le système d'attribution. On trouve tout de même Edouard Entraygues, vainqueur des M40 dans le top10, et qui ne prendra pas son slot mais globalement les petits jeunes font la loi en haut du classement avec 20 arrivants sous les 9h40 contre 12 pour les M40. La parité d'arrivants se situant autour des 10h40 avec 89 athlètes dans chacune des 2 catégories étudiées.
Les jeunes courent donc plus vite et sont moins nombreux et les anciens courent moins vite mais au bénéfice du nombre ont plus de places. Un autre fait significatif dans la partie haute du classement est le roll down. Les 5 premiers M30 ont pris leurs slots : il faut aller chercher jusqu'au 14ème M40 pour attribuer les 9 slots de la catégorie. Je ne suis pas allé dans le détail, mais il me semble qu'il s'agit pour les 5 jeunes heureux de leur première qualification : ce n'est pas le cas pour les quadras qui parfois ont déjà participé à la grand-messe du mois d'octobre. Une autre explication à ce roll down important pourrait résider dans le fait que les charges financières familiales sont aussi plus importantes quand on avance en âge. A l'opposé on pourrait aussi expliquer, qu'un M40 a pu s'engager financièrement dans une saison Ironman très europhage, en raison d'une épargne plus importante. Cela associé à l'orientation longue distance que prend un Sénior par rapport à un courte distance (excusez : XL par rapport à un M, je ne m'y fais pas ...), peut-être une explication sur la forte représentativité de cette catégorie M40 sur la 30. La course à la qualification et à la performance semble plus importante au niveau M30 : le fait de finir un Ironman l'emporte probablement chez les coureurs expérimentés qui tentent le défi pour peut-être la seule et unique fois.
Que dire des 10 ans de l'Ironman France ? Y'a-t-il eu un effet anniversaire à l'engouement sur cette édition 2014 ? Cet engouement est-il plus important chez les M40 qui ont parfois participé à la première édition ? Et si on dérive un peu du sujet initial : comment se fait-il qu'une course comme Zürich ne soit pas pleine alors qu'elle est plutôt bien placée et attribuant aussi 50 slots ? Le prix tout helvétique de cette course ne peut pas tout expliquer à mon sens.
Enfin bref, cette petite dissertation numérique n'avait que pour simple but de mettre en valeur après coup les qualifiés pour cette épreuve mythique et les problématiques de qualification : qu'ils soient félicités ici, les M30, les M40 ou de toute autre catégorie. C'était peut-être mission impossible de se qualifier en M30, mais avec un peu de patience tout peut arriver ...