La baie de départ est relativement large. Je demande à Franck Vuaillat le meilleur endroit pour les nageurs modestes : sur la gauche après la bouée centrale. Il reste environ 5’ je nage en direction de la ligne. Le speaker dit pleins de trucs : je n’écoute pas vraiment. Je regarde autour de moi. Du monde dans l’eau, autour de la baie, sur les digues, certainement à la TV sur internet. On y est, j’y suis et cette fois je suis dans la course.
Go, go, go !!! C’est ainsi que le départ est donné. Franck avait raison, je suis très bien placé, j’arrive à bien nager correctement, proprement, bien entendu coincé parfois dans un groupe, mais dans l’ensemble pas donné un coup et pas pris un coup. Malgré tout le catamaran du demi-tour se fait attendre. Je continue à m’appliquer. Le demi-tour arrive enfin : retour vers le départ. Ça va toujours, je suis en 3 temps, je me fais un peu doubler sur la fin. J’ai pied, je me redresse pour monter les quelques marches montant vers les tentes de transition. Mon sac en main, je file enfiler les chaussettes, le débardeur, les lunettes. On me demande si je veux de la crème solaire : Oh que oui, et me voilà badigeonner de blanc sur les épaules. J’ai juste oublié qu’en vélo, mon débardeur n’ira pas jusqu’à mon short. Aujourd’hui, j’ai un beau souvenir de ma course en vélo : tout rouge.
Je courre prendre mon vélo, sors du parc, saute sur la bête, fais quelques mètres enfile les chaussures, et nous partons pour une petite boucle sur les hauteurs de Kailua avant de revenir monter Palani Road : 500 m que je passe tout à gauche, petit plateau, gros pignon : le chemin est encore long.
J’attaque l’autoroute. Ma hantise est de respecter les règles de drafting pour ne pas se faire sanctionner de 4’ de pénalité et ce malgré la densité de coureurs dans mes temps. De ce côté-là, tout aura été maîtrisé. La première heure est un peu bizarre, j’essaie d’avoir un rythme et de respecter les consignes de Stéphane, mais j’ai du mal à atteindre les 240W. Je m’applique toujours. Les conditions de vent et de soleil arrivent gentiment. La fin de la première heure aussi. Le parcours est vallonné fait de grandes lignes droites et de toboggans. Le décor est surréaliste au milieu des champs de lave noire sur la droite et l’océan sur la gauche. La 2ème heure est bien meilleure et plus régulière. Ça passe vite et ça file vite aussi. Je suis au 90ème en 2h30. C’est alors la montée vers Hawi. Alors là, c’est pas de la gaufrette !!! Le petit plateau est de rigueur et ça passe beaucoup moins vite. Nous croisons les pros. Romain Guillaume est très bien placé. Enfin le demi-tour, je dois prendre mon sac de ravitaillement spécial mais le bénévole ne me le tend pas : tant pis je file.
La 3ème heure se termine dans la descente retour de Hawi, où là, le vélo aéro prend toute sa dimension. La vitesse est là. Jusqu’au moment où elle ne l’est plus. Elle est remplacée par un vent bien présent qui sera présent jusqu’au bout et qui aura raison de mes prétentions. J’essaie de conserver et une vitesse et une puissance adaptée, mais ce n’est pas évident. Les descentes de l’aller se transforment naturellement en côtes au retour, mais avec le vent cela prend des proportions tout autres. La 5ème heure, sera une heure d’attente. Je commence à cuire dans les sens du terme. Je me suis bien aspergé tout le long du parcours, mais ça chauffe quand même. Les pieds me brûlent dans les chaussures. Je m’arrose les pieds mais cela devient très difficile. Ça monte longtemps, ça descend très peu. Je compte les km à l’envers. C’est long. Encore plus long que ce récit.